samedi 25 avril 2015

Le Fantôme de l'Opéra : Adaptations

Petit rappel : Le Fantôme de l'Opéra est un roman de Gaston Leroux. Il raconte l'histoire de Christine, une jeune danseuse qui s'élève comme chanteuse à l'Opéra Garnier. Ce lieu est hanté par un homme mystérieux et hideux appelé le Fantôme de l'Opéra. Il se trouve que ce Fantôme est d'ailleurs secrètement le professeur de chant de Christine et celui qui l'aide à s'éléver car il est fou amoureux d'elle. Mais Christine aime Raoul, le vicomte, ce qui rend le Fantôme extrêmement jaloux...

A savoir un truc : c'est sans doute parce que le roman a un aspect de vieux conte, mais c'est une des œuvres dont les adaptations divergent le plus de l'histoire originale. Je crois bien qu'il n'y a presque pas un truc qui est fidèle au roman mais c'est... pas mal. C'est drôle de voir les différentes visions et interprétations de ce roman.

1. Le Fantôme de l'Opéra : 1943
Eeeeeeeeeeeeeeet voilà un autre exemple des vieux films que j'ai pas aimés. Pas très fidèle au roman, tout le charme et la complexité des personnages disparaissent. Ici, le Fantôme perd tout son aspect effrayant mais charismatique : il devient une sorte de beauf' de 50 piges qui sait pas trop draguer et qui se retrouve défiguré suite à certaines circonstances (mais je me suis vite aperçue que dans les adaptations de ce roman, celles où le Fantôme n'est pas défiguré de naissance ou défiguré du tout (si, si, il y en a !) ne sont pas géniales). Le triangle amoureux intense entre Raoul, Christine et le Fantôme est presque inexistant dans la mesure où :
1) Raoul n'est pas 1 mais 2 (le vrai Raoul est policier et le second est un baryton collègue de Christine) ; on se demande où ils ont pêché cette idée !
2) Christine ne semble donc éprouver d’intérêt amoureux pour aucun des 2. 
En fait, c'est à peine si elle a de la personnalité dans ce film. 
Bref : TRÈS loin d'être une réussite. 

2.Le Fantôme de l'Opéra : 1989
Bon, je vais vous le dire franchement : d'ordinaire, je ne suis pas fan des films d'horreur. Non, en fait, je les déteste (je reste une âme sensible qui a du mal à comprendre qu'on puisse prendre plaisir à ce genre de truc). Mais ayant entendu dire que le film était assez bon et n'était pas centré que sur le gore, je m'y suis mise. Et je vais vous le dire franchement : je ne le regrette pas une seconde. C'est une des meilleures versions, je pense (bien qu'elle est elle aussi assez éloignée du roman). 
En effet, les scènes sanglantes ne dominent pas le film et se sautent assez facilement. L'ambiance est beaucoup plus noire et sombre que dans le roman mais on s'y laisse prendre assez facilement car elle est complexe et bien construite. 
Ici, la dimension fantastique du Fantôme est exploitée. Au début du film, Christine est une jeune New-Yorkaise auditionnant pour un concours de chant (ou un truc comme ça), ayant été sujette à des drôles de phénomènes (comme des partitions devenant du sang) en fouillant des archives sur la musique. Suite à un coup sur la tête, elle se retrouve dans l'Angleterre victorienne, dans une sorte de réincarnation précédente d'elle-même. Très vite, le mystère s'installe et on meurt d’envie de savoir la suite. 
Ici, le Fantôme est encore plus tordu que dans le roman. Lorsqu'on le voit au départ, on se demande "Mais où est son masque ?". Mais on découvre vite qu'il a bien un masque mais que celui-ci cache un secret et une horreur sans précédent (et je ne parle pas seulement du visage du Fantôme). Dans cette version, le Fantôme n'inspire aucune pitié, seulement de la peur. Ce n'est pas un être maudit, c'est un chasseur qui, contrairement au personnage original, a choisi sa condition (vous découvrirez comment mais disons que ça se rapproche du mythe de Faust). On ne s'étonne pas que Christine (adorable poupée de porcelaine dans cette version, qui me rappelle Blanche-Neige dans le film de 1997) veuille fuir loin de lui. Seul regret : la romance entre Christine et Raoul (ici rebaptisé Richard et non pas vicomte mais directeur du théâtre) n'est pas vraiment développée. Il est juste montré comme l'amoureux de Christine, celui qui rend le Fantôme fou de jalousie.
En bonus, la scène de Faust où chante Christine est très belle. C'est aussi une des seules versions qui incluent le bal masqué.

3. Le Fantôme de l'Opéra : 1990
Une autre des meilleures versions, pas seulement selon moi, mais selon beaucoup de gens. Encore une fois, cette version est pas mal modifiée par rapport à l'original mais pas trop comparé aux autres. C'est la une des seules versions où on assiste au moment où le Fantôme entend Christine chanter pour la première fois. L’atmosphère donne bien l'impression d'être française, ce qui est peut-être dû au fait que les scènes sont tournées en France. Charles Dance interprète ici un Fantôme très doux et très profond (mais pas tout blanc non plus, hein). On a plaisir à voir se nouer un lien très particulier entre lui et Christine, représentée comme une sorte d'ange de bonté (avec les cheveux blonds, les yeux bleus et la robe blanche). Toutefois, je trouve qu'ils auraient pu choisir une meilleure actrice pour Christine (un peu... fade dans son jeu).
De plus, contrairement aux versions précédentes, ils développent aussi la romance entre Raoul, ici rebaptisé Philippe comme son frère dans le roman (ils avaient fait la même chose dans le Bossu de Notre-Dame de 1939, non mais c'est quoi cette manie ?!). 
L'histoire est bien exploitée, ainsi que le passé du Fantôme (plus original que les autres versions) et on aussi une touche agréable de comique à travers le personnage de Carlotta (bien malmené par le Fantôme, hihi) et de son époux. 

4. Le Masque (manga) : 1994

Manga très peu connu, mais disponible en anglais ici.
Cette version est très librement basée sur le roman. Voici un résumé : 
Rina Bernhardt est une lycéenne ordinaire qui va à l'Académie d'Art de Marselinia avec ses deux amis d'enfance Yurij et Ren. Une légende court sur l'Académie : à minuit pile, chaque nuit, un fantôme qu'on surnomme le Masque se réveillerait pour chercher sa belle danseuse, comme le faisait le Fantôme de l'Opéra avec Christine, héros du roman. Rina n'a qu'un rêve : rencontrer le Fantôme et devenir une grande ballerine. Pour cela, toutes les nuits, elle se balade dans l'école, espérant le rencontrer. Et un soir, son rêve se réalise : le Masque lui apparaît ! Mais à partir de là, d'étranges phénomènes se produisent : des accidents très violents et Rina voit le comportement de son ami Ren changer. De plus, il semble que le Masque n'ait pas que de bonnes intentions envers elle...

De très beaux graphiques, ce manga offre un concept original, audacieux et fantastique du Fantôme de l'Opéra, et explore lui aussi le côté "Mythe de Faust" de l'histoire, comme le film de 1989 mais pas de la même manière. Bref, si vous êtes fan des mangas, du Fantôme de l'Opéra et des histoires de fantômes, je vous le conseille. 
Seul gros reproche à faire : la fin. Une fin malheureusement baclée et mal construite, un peu en queue de poisson juste comme on les déteste. On ignore presque ce que deviennent Rina et ses amis, avec qui elle finit et si elle maintient des liens avec eux. 

5. Le Fantôme de l'Opéra : 1998
OH. MON. DIEU. 
Je ne sais même pas par où commencer. Vous savez, il a a 3 catégories de films : ceux qui sont juste des CHEFS-D’ŒUVRES et des classiques (Pirates des Caraïbes, L'arme fatale...) ; ceux qui sont bons (cette catégorie est elle-même divisée en plusieurs catégories : les super bons, les très bons, les bons, les moyens, etc). Et enfin, il y a une catégorie très rare (dieu merci d'ailleurs) : ceux qu'on appelle les MASSACRES ! 
J'avais déjà lu une petite critique sur ce film et je me disais "non, ça peut pas être si terrible !" (surtout que j'avais hâte de voir Asia Argento, que j'avais adorée dans Les Misérables, en Christine). Et en fait, c'était même pire. 
Ici, le génie musical du Fantôme est à peine évoqué et ils en font une sorte de tordu zoophile élevé par des rats. ET IL EST MÊME PAS DÉFIGURÉ, NOM DE D*** !
Il semble que Dario Argento se soit concentré plus sur la conception de scènes d'horreur absolument abominables que sur le scénario ou même le choix des acteurs (à part Asia, bien sûr, qui reste magnifique bien que son personnage soit RIDICULE, mais on y viendra plus tard). En effet, les acteurs n'ont aucun charme ou talent et frisent le risible, en particulier le Fantôme dans ses chemises bleu pailleté pas très crédibles pour l'époque. 
De plus, la présence constante pas très subtile de sexe et d'horreur sanglante donne l'impression de se retrouver dans une tentative d'imitation de The Tudors

SPOIL 
Christine est elle aussi, il faut le dire, une belle insulte à l'image de la femme, vers la fin du film puisqu'ils en font une courge qui ne semble non seulement pas trop résister à son violeur et qui est toujours amoureuse de lui après ça.
fin du spoiler

En plus, je vous avoue que j'ai regardé ce film juste après le film de 2004 (que j'avais ADORE comme peu de films auparavant). Alors, comment dire... passer d'un film extra génial à une horreur sans nom, c'est comme être dans un bon bain chaud pour ensuite se faire jeter dehors dans la boue sous la pluie. Bref : effet douche froide.

6. Le Fantôme de l'Opéra : 2004
OH. MON. DIEU. Mais dans le bon sens, cette fois. 
J'ai tellement aimé ce film, c'est incroyable. Mise à l'écran de la comédie musicale d'Andrew Lloyd Webber, les chansons sont magnifiques, les acteurs sont parfaits aussi bien au niveau du jeu que du chant (je jure devant Dieu qu'Emmy Rossum a la plus belle voix que j'ai jamais entendue). Gerard Butler apparaît méconnaissable en Fantôme. Il a une voix qui n'est certes pas parfaite mais assez rock qu'on finit par aimer et qu'il compense par un jeu sublime. Le Fantôme éblouit par son charisme, son génie et la tristesse qui se dégage de lui. Christine charme par sa beauté, sa douceur et sa bonté. Les deux personnages semblent deux âmes sœurs asymétriques : l'une est l'ange de la pureté, l'autre est l'ange des ténèbres. 
Perso, j'aime autant la version française qu'anglaise (pour Christine, je préfère Emmy Rossum et pour le Fantôme, j'admets que je préfère son doubleur français en chant). 
La fin est magnifique, bien qu'un peu triste (selon les points de vue). 
Il existe un dvd de la version scénique pour les 25 ans du show. Le show sur scène est plus riche en costumes et en couleur, il faut l'avouer et les décors sont très bien faits. Et puis il faut admettre que c'est sympa de voir différents acteurs jouer les mêmes rôles mais de différente manière. 

7. Love Never Dies

Ce show composé par Andrew Lloyd Webber est une suite de sa comédie musicale précédente. Dans cette suite, le Fantôme dirige maintenant un parc d'attraction, Fantasma, à New-York, après avoir fui Paris, dix ans plus tôt. Mais son amour pour Christine n'a pas disparu et il se débrouille pour l'attirer à lui sans qu'elle le sache, elle et son époux Raoul et leur fils Gustave. Mais cette venue ne plaît pas à tout le monde, surtout à Madame Giry et à Meg, qui veulent garder l'attention du Fantôme. Au milieu de ces retrouvailles, plusieurs secrets vont émerger. 
Les avis sont pour le moins mitigés pour cette suite. Soit on l'aime soit on l'aime pas. En effet, l'atmosphère y est très différente que dans son préquel. L'ambiance de Fantasma est assez proche de Tim Burton. 
Beaucoup trouvent que l'intrigue n'est pas terrible ou crédible et se rapproche de la mauvaise fanfic. Pas tout à fait faux mais pas tout à fait vrai : 
SPOILERS
-Raoul qui devient ivrogne : un peu crédible quand même car on ne sait pas ce que peuvent devenir les gens en vieillissant. Ainsi l'amour entre Christine et lui disparaît un peu, ce qui est tout à fait crédible vu qu'il semblait un peu impulsif dans le préquel
-Christine et le Fantôme qui ont des relations sexuelles et qui ont un ... : crédible, vu qu'il y avait malgré tout un lien très particulier entre eux et que ce qu'éprouvait Christine pour lui a toujours été proche de l'amour (si ça n'en était pas). 
-Mme Giry qui devient cupide : coup-ci coup-ça. 
-Meg amoureuse du Fantôme : même si j'aime bien cette partie de l'histoire, pas très crédible surtout qu'on la voit jamais interagir avec lui. 
-Le Fantôme qui ouvre Fantasma : crédible vu son génie

fin des spoilers
En dépit des petites imperfections scénaristiques qu'on n'aime ou on n'aime pas (moi, perso, j'ai aimé), le show offre quand même de superbes numéros musicaux, décors et costumes. Et puis c'est agréable de savoir ce que deviennent les personnages et d'avoir une suite pour Christine et le Fantôme. 


Perso, j'aimerais bien qu'il revienne sur la scène (avec Gina Beck en Christine) ou mieux encore : en film avec le casting du film de 2004.  Sinon, comme adaptations à venir : 
-un manga de JET publié en 1989 MAIS QU'ON AIMERAIT BIEN VOIR TRADUIT !! (CHEZ ISAN MANGA PAR EXEMPLE !!)
-un manga de Harumo Sanazaki publié en 2005 (MÊME CHOSE)
-un film animé anglophone dont vous pouvez voir le pré-trailer (sorti sans doute en 2016)


-l'annonce d'une série par Jean-Pierre Jeunet (bien qu'assez éloignée apparemment : l'histoire aurait lieu pendant la 1ère Guerre Mondiale, le Fantôme serait un soldat blessé au combat, Christine serait une sorte de Joséphine Baker, et il y aurait un psychopathe qui hante la ville de Paris). 
-L'annonce d'une série par Marc Cherry, version moderne de l'histoire dans le style de Glee si j'ai bien compris. 

Au prochain article, on fera un petit dream cast de tout ça ; )

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